Dans le monde économique, la loi de l’offre et de la demande est censée être simple : plus il y a de demande, plus l’offre s’ajuste pour y répondre. Pourtant, dans le secteur de la coiffure, un paradoxe persiste et freine l’évolution d’une profession pourtant en quête de modernité : celui des cheveux texturés.
Une demande massive, visible, et en croissance
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
50 % de la population française a des cheveux bouclés, frisés ou crépus.
À l’échelle mondiale, c’est 60 %.
Le marché des produits et soins capillaires pour cheveux texturés connaît une croissance continue, portée par une prise de conscience identitaire, culturelle et esthétique.
Les consommatrices (et consommateurs) recherchent activement des professionnels capables de les accueillir avec compétence et respect.
La demande est là. Forte. Claire. Pressante.
Une offre quasi inexistante
Et pourtant, sur les 100 000 salons de coiffure en France, à peine une centaine sont réellement en mesure de proposer des soins adaptés aux cheveux texturés.
Pourquoi ce retard ?
Une formation initiale lacunaire, où les cheveux texturés sont ignorés ou à peine mentionnés.
Une peur de mal faire, qui pousse certains professionnels à refuser ce type de chevelure.
Une normalisation des cheveux lisses dans les standards de beauté et dans les pratiques professionnelles.
Un manque d’investissement ou de curiosité pour sortir de sa zone de confort technique.
Un paradoxe coûteux… pour tout le monde
Ce décalage entre l’offre et la demande ne nuit pas qu’aux clients.Il représente aussi un manque à gagner énorme pour les professionnels :
Des clients potentiels qui vont ailleurs, parfois à des kilomètres, voire dans d'autres pays.
Une image de profession peu inclusive, en décalage avec la société.
Une perte d’opportunité de se positionner comme expert(e) sur un segment encore trop peu exploité.
Comment résoudre ce paradoxe ?
Les solutions existent mais peinent à être appliquées :
1. Revoir les programmes de formation professionnelle : Intégrer pleinement la diversité capillaire dès le CAP coiffure.
2. Multiplier les formations continues spécialisées : Ateliers, masterclass, certifications autour des textures naturelles.
3. Valoriser les coiffeurs formés : via des labels, des plateformes de référencement, des distinctions professionnelles.
4. Sensibiliser la profession à l’enjeu économique, mais aussi éthique et humain, d’une approche capillaire réellement inclusive.
Une opportunité à ne pas manquer
Ce paradoxe n’est pas une fatalité. Il est le reflet d’un système qui peut évoluer, d’une profession qui peut grandir, et d’un marché qui ne demande qu’à être exploité intelligemment.
Les cheveux texturés ne sont pas une exception. Ils sont la norme pour des millions de personnes. Et les coiffeurs capables de les valoriser avec expertise et respect seront ceux qui auront une longueur d’avance dans la coiffure de demain.